Sache, ô toi le disciple, que le début de la voie est patience et sa fin est gratitude. Son début est fatigue et sa fin repos. Son début épuisement et épreuve, tandis que sa fin est l’ouverture, le dévoilement et la réalisation de l’espoir, c’est-à-dire la connaissance de Dieu, la rencontre avec Lui, l’intimité avec Lui, l’entrée en Sa sublime Présence, face-à-face avec Lui et Ses anges. Celui donc qui a fondé tout son comportement sur la patience gracieuse, obtiendra tout bien et il réalisera tous ses espoirs, ainsi que tout ce qu’il désire.
Sache qu’au début du chemin l’âme [l’égo] ordonne le mal et éloigne du bien. Mais lorsque l’être humain lui résiste, en s’efforçant de corriger ses passions, l’âme commence à se blâmer. Elle tourne une face vers l’âme apaisée, l’autre vers celle qui ordonne le mal. Parfois elle est l’une, parfois l’autre [1]. Mais lorsqu’on la conduit bien et qu’on la dirige par le désir de ce qu’il y a auprès de Dieu, elle s’apaise, elle ordonne le bien, y trouve le bonheur et l’intimité, et elle s’interdit le mal, le prend en aversion et le fuit.
Celui dont l’âme s’est apaisée ressent beaucoup d’étonnement devant les gens qui se détournent de l’obéissance, étant donné ce qu’elle comporte de plaisir, d’intimité et de douceur, et devant ceux qui s’adonnent à la désobéissance et
aux passions avec leur lot de désolation, de solitude et d’amertume. Il commence par penser qu’ils doivent y goûter ce qu’il y goûte lui-même. Puis il regarde en lui-même et se rappelle la douceur qu’il ressentait, auparavant, quand il s’abandonnait aux passions, et combien l’obéissance était alors amère. Alors il se rend compte qu’il n’est parvenu à son état actuel qu’après un long effort et grâce à une aide divine immense.
Tu sais déjà que tu dois t’armer d’endurance contre la désobéissance et les passions, être patient dans l’obéissance. Voilà la route vers tout bien, qui mène aux stations spirituelles les plus nobles et aux états spirituels les plus sublimes. Comment en serait-il autrement puisque Dieu, Exalté soit-Il, dit : Ô vous qui croyez ! Soyez patients ! Encouragez-vous mutuellement à la patience ! Soyez fermes ! Craignez Dieu ! Peut-être réussirez-vous ! [2] Il a dit, Exalté soit-Il : Ainsi s’accomplit la très belle parole de ton Seigneur envers les enfants d’Israël, parce qu’ils avaient été patients. [3] Et Il a dit : Nous avons suscité des chefs pris parmi eux. Ils les dirigeaient sur Notre ordre, quand ils étaient patients et qu’ils croyaient fermement à Nos signes. [4]
Et le Prophète a dit : « Parmi les choses que vous avez reçues en moindre quantité, il y a la certitude et la fermeté dans la patience. Celui qui en a reçu une bonne part, qu’il ne se préoccupe pas de ce qu’il a négligé en matière de veille pendant la nuit ou de jeûne pendant le jour. »